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Déméter, une cellule nationale

Créée début octobre 2019 par la Gendarmerie nationale, la « Cellule nationale de suivi des atteintes au monde agricole » (cellule Déméter) est destinée à apporter une réponse globale et coordonnée à l’ensemble des problématiques de sécurité qui touchent le monde agricole. Dans ce cadre, une convention a également été signée entre le ministère de l'Intérieur et les deux principaux syndicats agricoles, la FNSEA et les JA.

La cellule Déméter englobe la prévention et le suivi :

  • des actes crapuleux, qu’il s’agisse d’une délinquance de proximité et d’opportunité ou bien d’une criminalité organisée voire internationale ;

  • des actions de nature idéologique, qu’il s’agisse de simples actions symboliques de dénigrement ou d’actions dures ayant des répercussions matérielles ou physiques.

Il peut donc s'agir de vols, de dégradations, de cambriolages, de violations de domiciles ou d'intrusions, d'occupations illégales, d'actions menées par certains groupes…


Depuis, la gendarmerie a multiplié les interventions envers des personnes opposées au modèle de l’agriculture conventionnelle. En décembre 2019, le président de l’association Alerte Pesticides Haute-Gironde a reçu la visite de gendarmes qui l’ont interrogé sur une conférence organisée par l’association quelques mois plus tôt. En février 2020, la gendarmerie a imposé sa présence à une réunion de préparation d’actions en vue de la « semaine pour les alternatives aux pesticides », organisée par des militants dans le département du Tarn.

La convention de partenariat qui préside aux activités de Déméter et qui mentionne la lutte contre le « dénigrement agricole », respecte-t-elle la liberté de communiquer des informations ou des idées, consacrée par la Constitution française et par l’article 10 de la Convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales ? Cet article précise que « toute personne a droit à la liberté d’expression. Ce droit comprend la liberté d’opinion et la liberté de recevoir ou de communiquer des informations ou des idées sans qu’il puisse y avoir ingérence d’autorités publiques et sans considération de frontière. »


Certes, l’image de l’agriculture est aujourd’hui malmenée par les contraintes économiques et environnementales. Ce que les citoyens montrent du doigt et que certains agriculteurs appellent l’agribashing, ce ne sont pas tant les agriculteurs que les méthodes de l’agriculture.

Inventé par les tenants de l’agriculture conventionnelle, le terme « agribashing » s’est transformé en arme redoutable pour lutter contre la transition agricole. Toute demande en faveur d’un changement de système agricole étant immédiatement assimilée à une attaque contre les agriculteurs, explique l’étude de CCFD-Terre Solidaire. L’agribashing est utilisé par l’industrie agro-chimique dès que la dangerosité pour l’homme et pour la biodiversité de ses produits phytosanitaires est mise en avant.



Les français rejettent : le glyphosate pour désherber sans discernement et faire place à la monoculture, le lessivage des terres à maïs laissées nues qui entraîne nitrates et phosphates vers les rivières, les pollutions de nappes phréatiques, les marées vertes, la mise en danger de la biodiversité au point de faire disparaître les insectes et les oiseaux, etc. Les citoyens sont maintenant mieux informés qu’autrefois. Plus attentifs à leur environnement, les consommateurs redoutent une nourriture avec des produits nocifs pour la santé. Les citoyens veulent plus de transparence.


Avec ses arrêtés anti-pesticides, l’ancien maire de Langouët a engagé un combat politique dans un souci de protéger les populations dont les habitations sont trop exposées aux pulvérisations chimiques de l’agriculture intensive. Pour nombre de militants écologistes et responsables politiques, il ne s’agit pas d’un dénigrement des agriculteurs mais d’une remise en question d’un modèle d’agriculture industrielle. Dans le même sens, il y a aussi les images choc de l’association L214 pour dénoncer les maltraitances animales dans les élevages intensifs, les couvoirs ou les abattoirs.


Répondre aux enjeux écologiques et aux défis climatiques est sans doute devenu une urgence pour renouer avec une image positive dans l’esprit des citoyens du 21ème siècle.






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